OH YEAH // S’il y a bien un prix littéraire de la rentrée dont on a envie de vous parler, c’est le tout nouveau GOUINCOURT ( la si parfaite initiative de @lesbien.raisonnable et @alex_lachkar ) ! Quelques mots pour chaque titre sélectionné, c’est notre défi avant le résultat dévoilé le 7 novembre !
💜Juliet Drouar donne voix à celleux qui sont les moins entendu-es, celleux dont le violences subies sont d’autant plus silenciées qu’elles se déroulent en famille. On parle ici des mineur•es qui traversent les premières années de leur vie sans vraiment compter, sans vraiment pouvoir parler. Peut être que ce qui me touche le plus ici, ce sont toutes les complexités de Cui-Cui qui survit un jour à la fois en tentant d’initier son coeur à l’amoure naissante. Et qui, au détour d’un rassemblement citoyen-nes, découvre la lutte et la possibilité de vivre pour soi.
💜Le temps d’une année scolaire racontée en vers libres, on suit Marie-Maud qui n’a qu’un souhait : sortir de l’anonymat de son lycée et être remarquée, et peut-être même aimée. Ce n’est pas l’amour qu’elle reçoit mais la violence des hommes quelque soit leurs âges, mais Marie-Maud sait mordre. Ce qui m’a marqué c’est la façon dont le désir de Marie-Maud n’est jamais criminalisé et dont son envie d’être visible et sa recherche de sensualité ne sont jamais présentées comme les raison des violences qu’on lui fait.
💜C’est une histoire d’adolescences, des premiers crushs qui comptent, des espoirs qui naissent et du système qui crash tout. Il y a les amitiés avant tout, l’écriture qui sauve, les tentations dans le flou des interdits et un lien sœurs-mère si touchant. Lire Jouer le jeu c’est apprendre les règles avec Kayden, les défier avec Djenna. Il y a des larmes, il y a des rires, et un sentiment profond de vouloir continuer à se battre chaque jour contre le racisme, contre la domination des adultes sur les enfants, pour la liberté d’être vivant•es et les amoures sécurisant•es.
💜 Il y a Celle qui part et Celle qui fuit, Nour et Anna, Nour et cette vie qu’elle a si dur à maintenir. L’enfance est perplexe du monde qui l’entoure, l’adolescence pousse les limites et se retranche entre quatre murs étroits. On y lit l’amoure découverte, les faux semblants pour se sauver. C’est une histoire de tant d’années, de tant de vies, de tant de souffles coupés, vivement la respiration profonde et les tranquillités. Texte pépite, où les amoures lesbiennes tambourinent à la porte d’une certaine liberté, ensevelie sous les attentes d’un monde adulte à la peau coriace.
🚨L’un·e est thérapeute. L’autre travailleuse du sexe. Vex et Mikka vivent une histoire d’amour basée sur le couple réinventé, les jeux de rôle sexuels, la fluidité des genres et des désirs. Iels construisent une relation à la fois libre et fusionnelle, où leurs univers professionnels se croisent, en fondant les fantasmes et les défis pornos qu’iels se lancent, sans tabous ni exclusivité 🎯L’Endroit de mon trouble est le récit passionné et troublant d’une relation queer. C’est aussi une tentative de brouiller les pistes du masturbatoire : et si ce qui fait excitation chez nous était bien plus vaste que ce que nous avions imaginé ?
🚨 Pour sa mastectomie, Alex s’est tourné vers un chirurgien américain et se rend aux États-Unis accompagné de Louise, Djo et Harli. Commence alors un voyage à l’objectif défini, mais dont le chemin autorise tous les détours. Entre l’expérience quotidienne de la violence transphobe et l’amour·e poignant·e qui unit les quatre ami·es, le roman questionne la nécessité d’appartenance à une communauté, l’importance de la réappropriation des récits familiaux, la difficulté à se définir dans une période de changements perpétuels. 🎯Un texte habilement poétique, accessible et personnel, qui raconte un parcours de transition avec un humour, une légèreté et une joie communicatif·ves et salutaires !
Baptiste s’est fait larguer par S. et passe de plus en plus de temps à jouer en ligne. Lya est l’assistante parlementaire d’un homme politique cauchemardesque, véreux et diablement sexiste qui tente de mettre en place une campagne choc en vue des élections présidentielles. Tous deux découvrent Parthenia, un open world d’une densité et d’une complexité rare où s’organise à demi-mot une communauté masculiniste en ligne. Dans ce thriller politique et technologique, la soif de pouvoir et l’orgueil avancent main dans la main, et rien ne peut arrêter l’escalade de la violence.
Un roman en 5 actes, truffé de références à la Grèce antique, d’une modernité épatante!
💦 Attention, roman fleuve ! Chaque page de ce roman est un défi, un appel tendre et fort pour réinvestir nos imaginaires. Les grandes entités de l’Eau : Océan, Rivière, Crue, Delta, etc. se réunissent en urgence ! Les êtres humain-es sont en train d’atteindre le point de non retour : la pénurie d’eau potable sur terre. Que faire ? Que dire ? les noyer ? leur faire peur ? Esprit, le cerveau de ce livre, laisse au Parlement la place de créer la toute dernière histoire pour l’humanité. Alors comme une barque au fil de l’eau, le récit s’immisce et s’invente, pour que les histoires revivent : celle d’une humanité au bord du gouffre, celle d’un-e amour-e inattendu-e, d’une famille joyeuse, et d’un avenir collaboratif.
💦 Wendy Delorme nous écrit son roman le plus radical, retournons avec elle à la source de ses histoires. Plongez, respirez, plongez, respirez, tout fera sens, d’une page à l’autre.
🪴Après une suite de crues et de sécheresses dévastatrices, la Grande Verdure s’organise dans le secret autour de quelques survivant.e.s, sa communication est conditionnée par l’échange de plantes pour produire des échanges le moins violents possible. Étouffée par ces règles, Lierre Hélix s’enfuit et trouve Sable, l’exemple vivant des dysfonctionnements de la Grande Verdure.
🪴Ce roman est comme une interrogation : comment penser l’après et notamment la communication, comment vivre ensemble quand l’effondrement aura traumatisé les esprits ? Il ne s’agit pas d’apporter des réponses mais de réfléchir poétiquement ensemble.
🏞️Tovaangar est un monde qui pourrait bien être l’avenir du nôtre, dans lequel la vie est incarnée par des personnages pas toujours totalement humain.e.s, ni totalement oragniqu.e.s. Iels enchaînent les aventures et les rencontres dans un long voyage entre biologie et anthropologie pour atteindre l’océan.
🏞️Céline Minard crée un univers impressionnant d’inventivité et d’optimisme ! Tovaangar se lit comme une grande aventure, une épopée tendre, dans une post-humanité rassurante.
💙Étudiante en lettres, la narratrice vit d’aller-retour entre sa solitude parisienne et ses souvenirs tunisiens de sa Mima, de Zeïneb, cet amour qu’elle n’arrive pas à dire, coincé dans sa gorge. Elle essaie de faire sens de son mal être en lisant une encyclopédie des fonds marins et en traînant avec Sally, sa seule rencontre française intéressante, celle qui lui attrappe le bras et remet sa vie en mouvement à travers la militance et la fête.
💙C’est un récit de déplacement de la Tunisie vers la France dans lequel l’expérience de la migration est décrite dans toute sa complexité et son intensité. Un déracinement à la fois voulu et subit.
Fatal*e ou l’impossibilité d’écrire les marges. Doit-on arrêter d’écrire si la langue n’est plus capable de dire ce qui est ? Gorge va chercher dans la forme, dans les polices d’écriture, dans les emoji, les vers, le théâtre, les zine pour dire ce qui résiste aux mots de la société bourgeoise, hétéro, blanche.
« FATAL*E : Je n’ai de limite que ma peau et mon découvert. Mais aussi, ce par quoi tout s’inscrit : le langage.«
Sabrina Calvo tisse un texte qui habille, recouvre, renforce et dévoile le corps et l’âme. Elle se brode et se dé-brode, sans patron, dans une création qui n’en finit jamais.
« Je t’écris de l’intérieur parce que ma sauvagerie vient des rideaux lourds que l’on tire vers soi-même.«
Peut être que Laura Vazquez a commencé à écrire et ne s’est jamais arrêtée. Peut être que son attention, sa précision pour nos fêlures et nos tristesses, sont autant d’armes pour défier le monde et ses incohérences. Lire Les Forces, comme on disséquerait l’humanité.
« Elle parlait bas: on ne doit rien dire à propos d’un poème qui vient d’être lu. Il faut parler d’autre chose. Je vais parler d’autre chose. Elle porta son regard sur l’assemblée. Elle soupira. Elle dit: les filles, je vois vos ombres.«
