OH YEAH // Voici deux lectures qui s’accompagnent et s’articulent ! Si certaines publications sont aussi indispensables que exigeantes, nous pouvons nous réjouir de la complémentarité des publications de maisons engagées !
🔎Le petit livre d’Ines et Philippe Liotard dans la collection Le mot est faible des éditions Anamosa, permet de revenir sur l’usage et la signification de queer, ce mot aussi intraduisible qu’efficace, souvent pensé comme synonyme de LGBT. C’est l’occasion de rappeler que s’il est compris plutôt comme une théorie, queer désigne aussi une pratique militante, un processus de désidentification. Être queer est une posture critique radicale de l’hétéronormativité qui peut aller jusqu’à le rejet de l’assimilation (ne surtout pas devenir socialement acceptable).
🔎C’est ce refus de la norme que vient interroger Pierre Niedergang dans Vers la normativité queer publié aux éditions Blast. Le philosophe distingue le processus de normalisation de celui de normativité. Le premier impose les normes de la matrice hégémonique : l’hétéronormativité, qui exclu de la sphère de reconnaissabilité les existances queer, et le second est une possibilité de créer un nouvel ensemble critique de normes concurrentes à la normativité hégémonique.
🔎La norme est un outil social : ce par quoi on est jugé que ce soit juridiquement ou socialement et sans quoi il est impossible, par exemple, d’identifier les violences. Les normes sont construites historiquement et elles sont donc modifiables. Par exemple, les concepts de violence et de sécurité ne sont pas obligatoirement racistes et classistes. Dans le refus de toute norme, il identifie un risque de passer à côté du collectif et d’ignorer qu’il y a des manières queer d’habiter les normes (comme le drag).
Contrairement à l’hétéronormativité, la normativité queer se doit d’exister car elle est critique, commune et vitale. Elle ne se veut pas défenseuse de la morale sexuelle mais une normativité critique.
